L'annonce de la création de centres de services agricoles destinés aux cacaoculteurs ivoiriens par le projet MOCA (article posté par Commodafrica le 1° février) me laisse perplexe.
Certes la mise en place de ces boutiques va faciliter l'accès aux intrants de qualité, dont la mise sur le marché est contrôlée par l'administration. Cela réduira peut-être (je suis loin d'en être convaincu) l'emploi par les producteurs de pesticides non autorisés et potentiellement inadaptés et plus dangereux.
Mais avec l'association avec un distributeur d'intrants, j'ai le sentiment que l'on prend la notion de services aux producteurs par le petit bout de la lorgnette. Je crains que les services délivrés par ces centres soit systématiquement orientés vers la promotion de l'emploi des engrais et des produits phytosanitaires. Ce que tend à montrer le nom même de "boutiques' donné à ces centres de service.
Entendons nous bien ; je ne suis pas opposé à l'épandage d'engrais chimiques ou à l'utilisation de pesticides. A condition que l'emploi de ces intrants soit fait à bon escient.
Prenons les engrais par exemple. Je dis oui à leur emploi mais uniquement pour des parcelles qui ont le potentiel pour valoriser cet apport de fertilisant. Et cela doit venir après s'être assuré de la fertilité organique et la vitalité de la microflore des sols. Une plantation trop dense ou trop âgée ne valorisera pas l'engrais et le producteur n'aura pas le résultat escompté en termes de cabosses récoltés. Il y a donc d'autres conseils et services à offrir aux producteurs avant la promotion de l'engrais
Les producteurs ont tendance à considérer les engrais et les produits phytosanitaires comme des solutions miracles pour augmenter leurs revenus. Ils vont donc prêter une oreille favorable a des conseils allant dans leur sens et renforcés par l'aura du "technicien". Les premiers services que ces centres devraient offrir aux planteurs sont des conseils de gestion de leur exploitation et la promotion de techniques sans doute plus exigeantes en technicité ou en temps de travail mais indispensables comme la taille, le compostage, l'élimination des chérelles et cabosses malades, le rajeunissement et la mise à la bonne densité des vergers .....
Par ailleurs l'association avec un distributeur particulier pose des questions de déontologie. Il est clair que ces centres vont orienter les achats des producteurs vers les produits de ce partenaires même si ces produits n'offrent pas le meilleur rapport qualité prix. Est-il correct que l'argent public (le projet est financé par l'USAID) serve, au final à la promotion des produits d'un distributeur ?
A mon sens, les centres de services devraient :
fournir d'autres services qui sont encore moins accessibles aux producteurs que les intrants comme des services de taille, la fourniture de plants, la formation aux BPA et aux opérations post récoltes, pourquoi pas la location de matériel ou dune aide pour transporter leurs cabosses, ... voire des services financiers et d'assurance
offrir une gamme de produits correspondant à l'ensemble des marques dont la mise sur le marché a été autorisée et dont l'efficacité a été testée.
être déconnecté de tout acteur commercial de manière à faire jouer la concurrence et laisser le producteur libre de son choix.
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