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Décidément les cabosses de cacao suscitent bien des ambitions



Je vous invite à lire cet article publié le 25 janvier dernier sur techno-science.fr. Son titre a attiré mon attention quand il est apparu dans mes alertes de veille. Je ne sais pas ce que vous en penserez. Moi certaines phrases m'ont fait réagir.


  • "...les cabosses vides, une fois les fèves récupérées, sont considérées comme des déchets..." Et bien non. les cabosses vides devraient restituées au sol après compostage. Les transformer en matières premières pour l’industrie va fortement augmenter les exportations des éléments nutritifs du sol. Et il faudra bien compenser ses exportations supplémentaires pour maintenir la préservation de la fertilité des sols. Par quoi et à quels coûts pour le cacaoculteur qui peine déjà à payer les engrais pour compenser les exportations liées aux fèves.

  • "Déchets qui agissent comme des incubateurs pour la bactérie de la pourriture brune..." Voila un postulat qui se discute. Un bon compostage permet de limiter ce risque de propagation des maladies fongiques et je voudrais faire remarquer que sur les plantations d’Amérique latine, les cabosses vides sont retournées aux pieds des cacaoyers. Et les rendements sur ces plantations sont bien supérieurs à ceux des vergers ghanéens ou ivoiriens.

  • "Le but, à terme, est de construire une unité pilote au Ghana capable de réaliser l'ensemble du traitement des cabosses de cacao" Encore heureux !!! On imagine pas un instant d'envoyer en France "10 millions de tonnes" de cabosses pour réexpédier ensuite les résidus au Ghana.

  • "rendre la filière du cacao plus durable et plus rentable..." En matière de durabilité les principaux défis que doivent relever les filières cacao du Ghana ou de la Côte d'ivoire sont le revenu des producteurs, la déforestation et la dégradation de la fertilité des sols et le travail des enfants. Mis à part la contribution des cabosses au revenu des producteurs, je ne vois pas en quoi cette valorisation des cabosses apporte une solution aux problèmes de déforestation, de dégradation des sols et de travail des enfants. Ces derniers temps, on a tendance à utiliser la "durabilité" pour justifier tout et n'importe quoi !

En fait, bien que je ne doute pas un seul instant de la compétence des chercheurs ghanéens et français qui travaillent sur ce projet, je me demande si les porteurs de ce projet se sont posé les bonnes questions. Sin oui, on aimerait avoir leurs réponse à, entre autres :


  • Quel intérêt pour les producteurs ? Est-ce que le prix qui leur sera payé pour les cabosses rémunérera dignement le travail supplémentaire lié à la collecte de ces cabosses ? Est-ce que ce complément de revenu couvrira l'achat d'engrais organiques ou minéraux pour compenser les exportations d’éléments nutritifs ?

  • Quelles solutions la recherche agronomique propose-t-elle pour compenser l'exportation des cabosses et préserver la fertilité des sols ?

  • A-t-on réfléchi à la logistique de la collecte et du transport vers l'unité de traitement, des cabosses qui sont dispersées dans les plantations à travers tout le pays ? Est-ce que le coût financier et l'impact carbone lié aux centaines de camions qui seront nécessaires a été chiffré ?

En matière de valorisation des cabosses, il y a une alternative bien plus simple à mettre en œuvre qui consiste à utiliser la pulpe à l'intérieur des cabosses pour l'alimentation humaine. The Chocolate Museum/choco-Story a publié, il y a déjà quelques années un livre, 'la cabosse du cacao en recettes' dans lequel Madame Mercedes Mendoza, présente son travail et ses recettes à base de cabosses de cacao.

Je ne doute pas que des cuisinières ghanéennes ou ivoiriennes seront en mesure d'adapter cette idée à leurs traditions culinaires. Pas de process compliqué, peu de transport. Si une telle pratique se développait, des filières artisanales pourraient voir le jour localement et fournir des revenus complémentaires à des groupements de femmes.

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