Développement d'un programme de production de cacao certifié "bio" en Côte d'Ivoire
En 2016, le chocolatier CEMOI a souhaité développer la production de cacao certifié "agriculture biologique" en Côte d'Ivoire. Dans le cadre de notre intervention et en collaboration avec Mr Gilles Roche (expert cacao), notre action a consisté à :
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Identifier la zone de production la plus adaptée à la mise en œuvre de ce projet ;
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Expliquer les principes de la production de cacao bio et le projet aux villageois et aux autorités administratives concernées ;
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Recenser les producteurs intéressés, identifier et géolocaliser leurs parcelles ;
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Rédiger et faire valider le business plan à 3 ans ;
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Valider les procédures de certification avec l'organisme certificateur (ECOCERT) ;
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Lancer les premières étapes de la conversion des plantations en agricultures bio ;
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Mettre en place une équipe technique dédiée et organiser la formation des producteurs ;
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Mettre en place la logistique nécessaire.
Identification de la zone de production de cacao "bio" en Côte d'Ivoire :
La présence des équipes de CEMOI auprès des producteurs, notamment autour des centres de traitement du cacao dans le cadre du programme PACTS a permis d'identifier, à priori, une zone au Sud-Est du pays propice à la production de cacao bio. La forte affluence des villageois et leur participation active lors des premières réunions pour expliquer les principes et les contraintes de la production de cacao en agriculture biologique, ont confirmé l'intérêt des paysans pour le projet.
Cette zone est située dans la boucle originelle du cacao ivoirien. Les plantations sont vieilles et la fertilité des sols dégradée par de longues années de production en "full sun". Les rendements faibles expliquent sans doute l'engouement des producteurs tentés par des pratiques culturales plus respectueuses de leur environnement. La restauration de la fertilité des sols de leurs vergers et une meilleur rémunération de leurs fèves semblaient être leurs principales motivations à l'adhésion au projet de production et de collecte de cacao "bio".
Un recensement des producteurs avec l'identification et la géolocalisation (GPS) des parcelles engagées dans le projet a confirmé l'adhésion de 500 producteurs et de valider le lancement du programme avec un objectif de collecte de 500 tonnes de cacao certifié "bio" au bout de 3 ans. Ce recensement a servi de base à la définition du Business plan.
Les grandes lignes du programme de production et collecte de cacao Bio :
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Le programme devait s'adresser directement aux producteurs individuellement. L’adhésion de chacun de ces producteurs à la philosophie du projet et son engagement à respecter les consignes et contraintes liées étaient formalisés dans un contrat individuel ;
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Chaque producteur est responsable de l'entretien de ses cacaoyères, du respect du cahier des charges en matière de pratiques culturales, de la récolte des cabosses, de l'écabossage et du transport des fèves jusqu'au lieu de collecte. Les producteurs sont formés et appuyés par des techniciens recrutés au sein de la zone de production et encadrés par deux agents de CEMOI. Le respect de l'itinéraire technique préconisé permet d'améliorer les rendements des cacaoyères sans avoir recours aux produits phytosanitaires de synthèse ni aux engrais minéraux. Les techniciens sont aussi en charge de l'inspection régulière des parcelles pour garantir le respect du cahier des charges par les producteurs ;
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Les producteurs s'engageaient à livrer leur cacao issu des parcelles engagées dans le projet à CEMOI et à appliquer strictement les itinéraires techniques et les recommandations des techniciens. Le projet s'engageait à acheter la totalité du cacao produit sur les parcelles tant qu'il respectait les critères minimum de qualité fixés par le Conseil du Café et Cacao et à le payer à un prix supérieur au prix minimum officiel ;
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Le programme garde la maitrise des opérations de fermentation et de séchage afin de garantir l'obtention d'un cacao présentant un profil aromatique et des qualités organoleptiques supérieures. Ce sont donc des fèves fraîches qui sont collectées auprès des producteurs. Le projet n'ira pas les chercher sur les plantations. Les producteurs devront les apporter sur des points de collectes fixes. Le recensement initial et la géolocalisation des parcelles a permis de définir des points de collecte distant d'au plus 10 km des producteurs les plus éloignés. Les fèves fraîches seront pesées sur les lieux de collecte et chargées dans des camionnettes qui les évacueront vers les centres de fermentation
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Dans un premier temps les centres de traitement ne seront constitués que d’un simple hangar abritant les caisses de fermentation. Les fèves fermentées seront ensuite acheminées vers le centre de fermentation du programme PACTS le plus proche où elles seront séchées. La construction des séchoirs solaires et à air chaud, des magasins de stockage et des bureaux sont programmées ultérieurement.
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Dès le départ, et à l'initiative des autorités villageoises, une représentation informelle des producteurs bio s'est mise en place. Un partenaire extérieur doit venir effectuer d'animation pour appuyer la formalisation de cette organisation afin qu'elle prenne progressivement en charge l'appui technique aux producteurs, leur approvisionnement en intrants autorisés et petit matériel, le contrôle des opérations de fermentation et de séchage et notamment le suivi des rendements obtenus et, plus globalement de la représentation des producteurs. A terme, cette organisation pourra offrir d'autres services à ses membres comme l'accès à des financements ou à des assurances.