Définition et mise en oeuvre du Projet de Développement Rural de Gaoual-Koundara en Guinée
Nous sommes intervenus de 1987 à 1992 en République de Guinée pour le compte de la Compagnie Française pour le Développement des Fibres Textiles (CFDT) pour la mise en œuvre du Projet de Développement Rural Intégré dans les préfectures de Goual et de Kundara au Nord-Ouest du pays. Le projet était financé par la Caisse Centrale de Coopération Economique (aujourd’hui l’Agence Française de Développement) et avait pour objectif de relever le revenu des agriculteurs dans cette région. La culture cotonnière servait de locomotive pour l’amélioration des rendements des cultures vivrières, la diversification des sources de revenus et l’organisation des paysans.
Notre mission a couvert :
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La réalisation et la validation de l’étude de faisabilité de la première phase de 3 ans du projet de développement agricole et rural intégré ;
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La mise en place des équipes et des infrastructures du projet de développement agricole et rural intégré ;
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La mise en œuvre de cette première phase qui comprenait outre l'introduction et le développement de la production de coton, l’appui aux cultures d’arachide, de riz et de mil, la diffusion de matériel de culture attelée et le dressage de boeufs de labour, un volet maraichage, l’appui aux organisations villageoises (banques de céréales, banques de semences, groupements de producteurs) et la construction de pistes rurales ;
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La réalisation de l’étude de faisabilité d’une deuxième phase du projet.
Développement agricole et rural : appui aux filières des produits vivriers :
L’étude de faisabilité a conclu à l’utilité d’inclure les filières agricoles vivrières et notamment les productions d'arachide et de céréales (riz pluvial, sorgho et mil) dans la sphère du projet. Le Sorgho et mil constituaient en effet la base de l’alimentation des populations rurales et l’arachide offrait une source de revenu monétaire complémentaire au coton.
L’appui à ces cultures s'est concrétisé par :
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La vulgarisation d’une rotation arachide-coton-sorgho/mil. Les systèmes racinaires de ces trois cultures explorent en effet des horizons du sol différents. De plus le coton bénéficie de l’azote fixé par l’arachide l’année précédente et la céréale bénéfice d’un arrière effet de la fumure épandue sur la culture de coton ;
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La conception, le test en milieu paysan et la diffusion de Bonnes Pratiques Agricoles et un suivi des opérations culturales par les techniciens du projet ;
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La diffusion de semences d’arachide et de riz de variétés améliorée et la mise en place de banques de semences d’arachide ;
La commercialisation de l’arachide et des surplus de céréales était réalisée par les paysans sur les marchés locaux.
Développement agricole et rural : diffusion de la culture attelée
Pour accompagner le développement des filières agricoles, le projet de développement agricole et rural a appuyé l’équipement des paysans en matériel de culture attelée :
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charrues à traction bovine ou asine,
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multiculteurs équipés de scarificateurs, corps sarcleurs et butteurs
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charrettes asines.
Ces matériels étaient cédés aux paysans à crédit sur plusieurs années. Le remboursement des annuités étaient prélevées directement sur les ventes de coton. Les encours des crédits (intrants et matériel) étaient limités à 30 % des revenus coton escomptés. Des crédits pour l’achat aussi de paires de bœufs ont aussi été testés et des formation au dressage, à la conduite et aux soins aux boeufs de labour ont été organisées.
La diffusion de la culture attelée s’accompagnait de la vulgarisation de la production et de l’utilisation du fumier pour le maintien du taux de matière organique dans le sol. Le projet a ainsi appuyé la construction d’étables fumières avec un succès mitigé. Le facteur limitant à la vulgarisation de l’emploi du fumier est constitué par les volumes importants à manipuler : la paille à épandre dans l’étable, le fumier à sortir de l’étable, à retourner au cours de sa maturation et à épandre sur la parcelle et l'eau pour maintenir une humidité minimum du fumier en maturation pendant la saison sèche. Les temps de travail que cela représente et la nécessité de disposer d’une charrette limitent la diffusion de cette technique.
L’utilisation de poudrette de parcs a été aussi vulgarisée en alternative aux étables fumières bien que l’impact sur le taux de matière organique dans le sol soit plus faible.
Développement agricole et rural : développement des productions maraichères
Un volet pour développer le maraîchage et appuyer les filières des produits maraichers a été mis en œuvre. Cette action s’adressait plus particulièrement aux femmes et poursuivait deux objectifs :
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La diversification du régime alimentaire avec l’intégration des salades, tomates et autres légumes dans la préparation des repas ;
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La génération de sources de revenus pour les femmes grâce à la culture de l’oignon. La production était vendue par les femmes sur les marchés locaux où des commerçantes les achetaient pour les envoyer sur Conakry et Boké. Le projet a aidé les femmes à s’organiser pour vendre leur production directement à Conakry et réduire les pertes lors du stockage et du transport des oignons.
Un essai de production de pommes de terre a aussi été mené durant deux années en s’inspirant de l’exemple des maraîchers de Labé. Mais les températures dans la région de Gaoual ne sont pas suffisamment basses pour obtenir une bonne tubérisation.
Développement agricole et rural : renforcement des organisations paysannes
Dans le cadre de ses activités, le projet a encouragé la mise en place d’organisations villageoises et notamment des groupements de producteurs cotonniers ainsi que la création de banques de semences d’arachide.
Le principe de fonctionnement de ces banques était le rachat aux membres du groupement d’une partie de leur production sous la forme d’arachides non décortiquées à la période de la récolte. Ces arachides étaient triées, traitées et stockées dans un magasin construit avec l’aide du projet. Elles étaient revendues aux membres du groupe à l’époque des semis qui correspond aussi à la période de soudure avec une marge couvrant les frais de traitement et de stockage. Le prix de vente était bien inférieur à celui pratiqué sur les marchés à la même période et réduisait l’endettement des paysans pour l’achat des semences.
Des banques de céréales ont aussi été mises en place sur le même schéma pour garantir l’approvisionnement en aliments de base en période de soudure.
Des décortiqueuses à riz à moteurs ont été mis en place pour faciliter le travail des femmes et créer des emplois dans les villages.